Les flèches fusaient de toutes parts. Nul ne pouvait prévoir où son propre tir mènerait tant l’obscurité pesante jouait son rôle à la perfection.
Une unique silhouette traversa le contre bas du château à une vitesse hors du commun sa peau claire reflétant la pâle lueur de la Lune.
Puis le silence se fit de lui même. Lourd et grave était le cri étouffé qui le brisa en une longue agonie.
Tous les soldats présents scrutèrent la nuit pénétrante pour y dévisager le coupable.
Les hauts remparts se dressaient par delà la muraille de pierre taillées.
Un drapeau était accroché à chacune des tourelles où étaient postés depuis peu, tous les archers de la ville. Un jaune criard parsemé d’étoiles rouge sang sensées représenter la grandeur du roi formé le blason de cette patrie de belliqueux.
Un bruissement d’aile fendant l’air interrompit les recherches, mais leurs carquois vides, aucun des Urgals ne put tenter de blesser l’imprudent venu déranger le calme.
Ils entendirent alors un atterrissage lourd dans un nuage de poussière qui aveugla un peu plus les créatures dans leur tentative de chasse.
Un claquement de porte, des bruits de pas et tout disparut. Une nouvelle nuée de flèche s’abattit alors provenant cependant d’autres assaillants.
Les tirs précis et furtifs révélaient une habilité hors du commun qui ne pouvait appartenir qu’à une seule et unique race, celle des elfes vaillants et agiles.
Alors que le chaos régnait à l’extérieur, le silence avait étendu son long voile sinistre aux murs du château.
Recouvert d’une longue cape de cuir blanche, le Dragonnier en question parcourut les couloirs, puis le majestueux hall qui se terminait vers un sombre corridor.
Les pierres glaciales qui formait les murs noirs de la bâtisse firent frémir l’inconnu qui s’avança d’un pas décidé vers la pièce principale.
Les gardes s’étaient enfuis depuis bien longtemps déjà. Pas l’ombre d’un Urgal ne vint freiner l’avancée impétueuse de ce nouvel assaillant.
Les portes s’ouvrirent brutalement. Un homme se trouvait sur un trône d’or et de marbre. Un homme ? Non ce n’en était vraisemblablement pas un, c‘était un Ombre, plus redoutable que jamais. Une longue épée à la main, il toisa l’arrivant avec un rire sinistre qui résonna en écho contre les froides parois.
L’Ombre se leva lentement, comme pour marquer le peu d’engouement qu’il avait à combattre un adversaire qu’il jugeait pitoyable.
« Pénétrer dans l’enceinte de cette forteresse n’est pas un exploit par lui même, c’est en sortir vivant qui relève du miracle. »
Le guerrier, toujours dissimulé par un long capuchon ne répondit pas aux paroles prétentieuses de son adversaire et se contenta de dégainer sa longue épée.
L’arme d’une longue prodigieuse, offrait malgré tout une maniabilité hors du commun. La lame acérée des deux cotés offrait une réelle protection à son porteur compensant ainsi la fine épaisseur. Étonnamment, elle ne semblait pas faite d’acier, mais d’un alliage de roches et de pierres. On pouvait y distinguer du diamant ainsi que du zircon, se trouvant également en une gemme sur le pommeau de celle ci, envoyant de magnifiques reflets mordorés provenant des flammes dansantes des torches éclairant la pièce.
Le combat commença alors. La friction des deux métaux formaient à eux seuls une merveilleuse mélodie qui se répercutait contre les parois. Des étincelles finirent par jaillir lorsque les deux lames s’entrechoquèrent pour une innombrable sentence.
L’affrontement dura plusieurs heures, sans qu’aucun des deux adversaires ne montrent le moindre et signe de fatigue. Les coups d’estoc s’enchaînèrent à une vitesse incroyable tandis que les duellistes contraient tout aussi vite les meilleures attaques et les ruses les plus vigoureuses.
L’Ombre en eut assez de jouer avec son adversaire tout de blanc vêtu mais ne réussi en aucune manière à briser sa garde. Il s’entêtait encore de croire à sa supériorité malgré les circonstances … Ce qui le perdit …
Le Dragonnier blanc laissa habilement une ouverture. Un violent coup d’estoc s’en suivit …
Tout fut si rapide … Personne, même présent n’aurait pu narrer les évènements tant les mouvements étaient souples.
Le sang coula. Les deux adversaires restèrent un moment, à demi accroupis sur le sol, dans cette marre de liquide encore fumant qui s’écoulait sur la pierre grise.
L’Ombre disparut alors dans un halo de poussière noire à travers la pièce dans un dernier horrible hurlement de dément lorsque le capuchon de son adversaire se baissa.
L’épée de diamant avait transpercé le cœur de son assaillant, libérant ainsi les esprits machiavéliques qui l’avait prestement habité de longues années.
Une jeune elfe avait remplacé le combattant sans pitié qui avait fait aboutir sa mission. Celle ci se coucha lentement sur la pierre froide qui recouvrait le sol, épuisée.
Sa main parcourut la fraîcheur douce et tendre à son esprit. Ses fins doigts, devenus pâles, touchèrent alors le sang, d’un rouge vif qui continuait sa route sur le sol, du sang … Son Propre sang.
Le souffle coupé, la jeune demoiselle évalua sa blessure lorsqu’un second elfe courut en travers de la pièce à son chevet.
Les paroles annoncées n’atteignaient malheureusement plus la mourante qui, après s’être sacrifiée pour son peuple, poussa son dernier soupir, une main sur la joue de son aimé.